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Cuadernos de Administración (Universidad del Valle)

Print version ISSN 0120-4645On-line version ISSN 2256-5078

cuad.adm.  no.41 Cali Jan./June 2009

 

Vers une anthropologie de la bureaucratie

Towards An Anthropology of the Bureaucracy

Hacia una antropología de la burocracia

Edgar Varela Barrios*

* Professeur Intitulé de la Faculté de Sciences de l’Administration de l’Université del Valle. Courriers électroniques: Correo Electronico: edvarela@univalle.edu.co, varelabarrios@gmail.com

Articulo Tipo 2: de reflexión. Según Clasificación Colciencias.

Fecha de Recepción: 4 de diciembre de 2006 Fecha de Aprobación: 3 de julio de 2009


RESUME

Cet article réalise une analyse de la notion de bureaucratie depuis d’une perspective anthropologique, en partant du paradigme constitutif de Weber jusqu’aux théories postbureaucratiques et ses corrélations avec des organisations politiques, des entreprises transnationales, ainsi qu’avec les organismes de coopération et d’aide internationale. De la même façon, on établit des relations entre la notion de bureaucratie vue depuis la Science Politique et les théories manageriales, dans le cadre de la gestion publique et de la transnationalisation des politiques publiques.

Mots Clef: Anthropologie, Bureaucratie, Tiers Monde, Gestion Publique, Politiques Publiques.

ABSTRACT

This article realises an analysis of the notion of bureaucracy from an anthropologic perspective, departing from the founding Weber’s paradigm up to postbureaucratic theories and their correlations with political organizations, transnational companies, as well as with the organisms for cooperation and international help. In the same way, relations are established between the notion of bureaucracy seen from Political Science and the management theories, in the frame of public management and the transnationalisation of public policies.

Keywords: Anthropology, Bureaucracy, Third World, Public Management, Public Policy.

RESUMEN

Este artículo realiza un análisis de la noción de burocracia desde una perspectiva antropológica, partiendo del paradigma fundacional weberiano hasta las teorías postburocráticas y sus correlaciones con organizaciones políticas, empresas transnacionales, así como con los organismos de cooperación y de ayuda internacional. Del mismo modo, se establecen relaciones entre la noción de burocracia vista desde la Ciencia Política y las teorías manageriales, en el marco de la gestión pública y la transnacionalización de políticas públicas.

Palabras Clave: Antropología; Burocracia; Tercer Mundo; Gestión Pública; Políticas Públicas.


PRESENTATION

Comme une stratégie pour m’approcher à ce sujet, vaste et complexe, j’ai décidé d’écrire ici un essai centré sur références anthropologiques sur la bureaucratie, en utilisant les thèses sur la hiérarchisation, dans un contexte mondialisé, contenues dans l’ouvrage «Hierarchy and Society». Ce livre a été compilé par les professeurs Gerard M. Britan et Ronald Cohen; ce dernier, un Canadien anglophone. Le texte écrit par ces deux professeurs, avec la collaboration d’autres auteurs, se propose-t-il de donner un cadre diversifié d’un ensemble d’études sectorielles et nationales sur le rôle des bureaucraties. En effet, la compilation mentionnée a été construite avec 10 textes, la plupart brefs, qui plongent sur des expériences et pratiques aux États-unis (4 d’entre elles), trois sur des cas pris des contextes internationaux: la Chine, la Nigére et l’Éthiopie. De façon complémentaire, l’introduction, le deuxième chapitre et le dernier -qui portent sur la création amplifiée de la communauté académique anthropologique, sont centrés sur des expériences américaines mais avec un propos plus général. Le livre a obtenu pendant toutes ces années une reconnaissance importante comme point de repère sur quelques sujets conflictuels, principalement les études sur la bureaucratisation et la corruption en Afrique et ailleurs, et la question des liens entre les aspects formels et informels dans les organisations complexes.

Je voudrais donc aborder un sujet central à mon travail actuel de recherche, et aussi d’importance pour les Sciences sociales et spécifiquement pour les Sciences Managériales. En effet, les études sur la bureaucratie possèdent une longue tradition dans les domaines de la sociologie, en particulier de la sociologie historique à partir du modèle wébérien; et de la part de la Science Politique. Également, l’approche managériale à ce sujet est certainement très ancienne. Dans les années 30 s il existait déjà un corpus analytique du phénomène de la bureaucratisation autant à l’intérieur de l’appareil étatique que dans les grandes bureaucraties industrielles.

Mais, c’est une autre chose l’émergence d’une approximation anthropologique au phénomène bureaucratique (M. Crozier, 1963). De façon paradoxale, premièrement la méthode par excellence de l’Anthropologie (l’enquête ethnographique) a été utilisée par de nombreux penseurs des disciplines attachées au Management. En spécial, telle tâche a été en charge des fondateurs de la célèbre École des Relations Humaines et ses mythiques expériences dans les usines Hawthorne, près de Chicago (Roesthlirberger et Dickson, 1939; G Homans, 1951). Le Cas Hawthorne est intéressant à cause de la polémique permanente qui l’a entouré. Il a permis de faire la découverte des dimensions informelles des organisations, et la différentie entre les buts intentionnels des Designers et les résultats. C’est la fameuse paradoxe ou «Effet Hawthorne», c’est-à-dire, les impacts inespérés des variables non dérivées des expériences, mais assimilées dans le processus lui-même. La notion centrale que les expériences ont donnée est l’idée sociologique des états d’équilibre systémiques.

En regardant telles dynamiques Helen B. Schwartzman (1993) a rendu compte des principales manières d’approximation ethnographique qui ont été utilisées aux Etats Unies, pendant le XXè siècle, par de divers courants de l’anthropologie moderne. Le défi était de faire un travail ethnographique sur les objets culturels contemporains, dans le coeur même des sociétés industrielles. Si «l’ethnographie est une discipline qui doit-elle capturer le point de vue des natives», comment rendre telle tâche civilisatrice au milieu de notre propre horizon? Pour Schwartzman, la découverte centrale de cette expérience fut la nature largement informelle de la vie organisationnelle, malgré les efforts d’institutionnalisation et de codification centrale. Le succès de la méthode ethnographique plonge sur la découverte managériale de cette nature informelle de plusieurs dimensions clés des organisations modernes. Les relations humaines sont sur les réalités concrètes une chose plus complexe et nuancée que suivre des règles impersonnelles à l’intérieur des grandes bureaucraties publiques ou dans des organisations économiques. Il y a une reconnaissance de la force des négociations, les tensions et les accords parmi les acteurs, etc. La lecture et interprétation des données documentaires ou statistiques, méthodes dominantes pour les sociologues et économistes à cette époque-là, était insuffisant. Les processus de changement et d’interaction sociale majeurs étaient simplement ignorés. Comme l’avait exprimé l’influent sociologue américain Robert K. Merton (1965):

“La distinction entre fonctions latentes et manifestes sert ensuite à orienter l’attention du sociologue vers ces domaines du comportement, des attitudes et des croyances où il peut appliquer ses talents particuliers de la manière la plus féconde. Car s’il se confine dans l’étude de fonctions manifestes, il se borne à déterminer si une pratique instituée dans un but donné atteint pratiquement ce but. Ainsi ... il fera une enquête pour savoir ... si une campagne de propagande est arrivée à «galvaniser le combattant» ou «à faire acheter des bons de la défense nationale» ou à provoquer de la «tolérance envers les autres groupes ethniques»....En s’occupant essentiellement des fonctions manifestes et du problème clé de savoir si des pratiques ou des organisations délibérément instituées réussissent à atteindre leur objectif, le sociologue se transforme en un greffier habile et appliqué qui enregistre des types de comportements coutumiers»

Ce livre de Britan & Cohen, donc, nous permet d’explorer partiellement les démarches et les méthodes propres à l’anthropologie en prenant comme thème l’analyse ethnographique des institutions. Ainsi, dans un premier moment, nous analyserons à l’aide de ce travail la façon dont les ethnologues identifient et mettent en perspective les divers points de vue compris dans une organisation complexe telle qu’une bureaucratie, un système parlementaire ou même la bureaucratie transnationale des organismes de coopération et d’aide internationale.

L’influence de Merton sur cette type de perspective avait été signé déjà par la critique Barbara Czarniawska-Joerges (1994). Elle a remarqué que l’ouvrage de Britan & Cohen cherche d’introduire le domaine de la théorie organisationnel dans le champ anthropologique. Ils ont fait la coupure radicale avec les anciennes sociétés et posent l’axe analytique sur la notion de Complexité. La bureaucratisation de la vie moderne serait le scénario privilégié pour comprendre cette mécanique de liens et réseaux parmi les individus. La sphère contraire aux typiques distinctions sur la famille et la parenté, ou sur les aspects purement culturelles.

LES PRINCIPALES CONTRIBUTIONS ET ARGUMENTS EN «HIERARCHY AND SOCIETY»

Au delà de ces discussions taxonomiques, a mon avis, Il y a quelques thèses majeures dans cet ouvrage (comme je l’ai déjà dit), sur la connexion hiérarchies bureaucratiques et contextes internationaux. La première, une définition de la Bureaucratie qui pourrait être utile pour l’analyse historique et situationnelle. La deuxième, la nécessité de l’approche anthropologique sur celle-ci. La troisième, les aspects de la politique bureaucratique à partir de ce biais, avec des visions très différentes sur le plan de l’homogénéité des perspectives des auteurs. Il y a ces autres sujets dans la compilation mentionnée, mais nous tenterons de regarder centralement les problèmes attachés a l’Hiérarchisation du Pouvoir.

LA BUREAUCRATIE EN CLÉ ANTHROPOLOGIQUE

Sur la bureaucratie, les compilateurs sont d’accord à la définir comme un archétype organisationnel qui caractérise fortement la Modernité qui exprime sa force à partir de l’élan universaliste (J. Elliot, 1976), qui a détruit les cultures locales, donnant espace à des tendances mondiales sur le plan économique (capitalisme du marché), l’émergence de l’état nation, les formes institutionnelles de la vie publique (centralisation du pouvoir), l’apparition de l’entreprise comme figure emblématique de la vie sociale axée sur la valorisation des richesses. La modernité, malgré être un phénomène complexe, par sa diversité et origines transnationales, possède une série de régularités et de traces distinctives. C’est surtout une relation avec le temps, spécialement dans la dimension du Progrès: Matérielle et culturelle. Elle s’est manifestée en touts les champs principaux du savoir, principalement dans les dites Sciences de l’Homme. En effet, l’esthétique et l’art, la philosophie, l’histoire, la politique ont été les champs de départ de cette manifestation intellectuelle. Et dans le XIXè siècle elle a donné lieu à la naissance des Sciences sociales: la sociologie (Saint Simon, Comte, Durkheim, Weber), l’économie (Sismondi, Ricardo, Marx, et al.), et puis l’anthropologie, la psychologie, etc. Lisons la vision des auteurs sur la bureaucratie autant que phénomène issu de la modernité:

«Bureacracies are old as the state itself, and their development has a central place in its evolution, provifing a formal structure to administer complex tasks of production, distribution, and governance. Bureaucracies are a crucial link between changing local i7nstitutions and modernising the nations of which they are part. For complex societies they are a major means through which hierarchical relationships of power and authority are erected and maintained” (Britan et Cohen, (1980:2).

Le point central sera la structuration historiquement diversifiée de la façon hiérarchisée de gouverner dans diverses sociétés. La bureaucratie est vue comme un complexe espace de construction du Pouvoir asymétrique. Les hiérarchies posent la question de l’autorité organisationnelle et de ses mécanismes de coordination (flux informationnels, règles, institutions proprement dites, etc.), ainsi que la vie sociale qui se produise sur cet encadrement. Le pouvoir est ici regardé comme un ensemble de conditions mettant en scène les dynamiques de hiérarchisation, domination et subordination; lesquelles s’élaborent et prennent sens dans un espace social donné.

Les bureaucraties -en fin- ont remplacé les anciens liens de type traditionnel, familles et structures de parenté, communautés locales, identités du type culturel basique (langues, religions, traditions). Si l’anthropologie est capable de se situer elle-même, ce sera à partir de nouveaux sujets de recherche qu’expriment les dimensions profondes de l’Homme moderne, libéré des contraintes communautaires. L’individuation a comme contrepoids inévitable la présence des systèmes de contrôle et la répartition des pouvoirs de façon abstraite, de telle manière que les individus sont rentrés dans des espaces inédites de limitation de leur vie autonome. Ça, c’est le point central, l’axe de départ de touts les analyses inclus dans cette compilation.

De la même manière une analyse contemporaine de la bureaucratie capture clairement la nature connectée des relations inter et supra organisationnelles. La phénoménologie capitale de notre temps se déduit à partir de la vision des sociétés comme immenses espaces relationnels, s’intégrant en réseaux avec une temporalité rapide, même virtuelle. La nature du capitalisme a changé à cause de ce phénomène-là. La tension fondatrice est dorénavant celle qui lie les réseaux avec le Soi. L’individualité apparaît en termes de son appartenance à des ensembles intégraux, complexes, mais pas à la manière des autarcies autosuffisantes

Les transformations des sociétés modernes ne sont pas réductibles à un seul, unique principe unificateur. Au contraire, c’est nécessaire poser un grille de vision comparative et multidisciplinaire par accomplir telle tache. La situation contemporaine de la modernité est signée par la mondialisation de ses exploits, au delà de la matrice européenne et nord-américain que a été son centre. Mais, par l’extension de ses institutions a l’échelle de la planète.

La modernité a fini par être bouleversé par la crise dérivée de l’implantation des ordres techniques sur touts les sphères de la vie économique, sociétal, et de la propre culture moderne. La capacité de survivre en termes globaux est le principal problème de la gouvernabilité mondiale. Le problème central ce n’est pas le manque de ressources par résoudre les besoins humains, sinon, au contraire, l’excès de la production, de la consommation et les déséquilibres crées par telles événements.

A la fin, pour étudier ces dimensions il est nécessaire prendre main des autres outils d’analyses que dépassent les schémas de la sociologie centrée sur catégories d’un haut niveau de généralisation. De la même manière une analyse contemporaine de la bureaucratie doit capturer clairement la nature connectée des relations inter et supra organisationnelles. La phénoménologie capitale de notre temps se déduit à partir de la vision des sociétés comme immenses espaces relationnels, s’intégrant en réseaux avec une temporalité rapide, même virtuelle. La nature du capitalisme a changé a cause de ce phénomèneci. La tension fondatrice est dorénavant celle que lie les réseaux avec le Soi. L’individualité apparaît en termes de son appartenance a ensembles intégrales, complexes, mais ne pas a la manière de autarcies autosuffisants. Modernité et bureaucratie deviennent ainsi deux pôles inséparables.

LA PERSPECTIVE COMPARATIVE

A mon avis, les points forts de ce recueil ne sont pas centrés sur la vision dite exotique. Au contraire, l’esprit qu’émerge ici est plus ouvert aux perspectives comparatistes, qui cherchent à donner une construction sur la bureaucratie qui soit fixée sur les chemins divergents de la différentiation culturelle. Mais, comme part de la mentalité interprétative dominante pendant les années soixante-dix, le centre de la réflexivité ne s’est pas attaché à des questions symboliques ou discursives. Elle est basée sur une vision plutôt «Matérialiste » et sur un axe objectiviste de type descriptif et intégrateur.

Telles notions seraient seulement capturables à partir du dépassement des perspectives Macro, excessivement généralistes, centrées sur le «Devoir être». Mais, aussi du dépassement de la méthode micro que par exemple avait exaltée G. Homans (Ob. Cit.). Pour Britan et Cohen, les avantages de l’anthropologie axée sur le monde bureaucratique sont la combinaison puissante de deux méthodes: l’analyse comparatiste et la technique ethnologique. Telle la raison d’inclure dans le bouquin certaines cases «exotiques» mais actuelles comme les phénomènes de bureaucratisation en Chine et en Afrique. L’anthropologie peut alternativement être utilisée au contraire, à la manière d’un miroir, et elle nous donnera une image de la culture d’Occident, en utilisant les méthodologies de l’ethnologie classique. L’anthropologie est dans cette direction la Science Sociale qui permet la construction d’un discours d’exclusion, d’un regard extérieur sur les autres, les indigènes, les orientaux, les anciennes cultures et civilisations, etc.

Mais, avec l’utilisation consciente de la méthode comparatiste l’anthropologie nous donnera – dorénavant- un cadre d’ensemble, nuancé, complexe, que lie les espaces de la vie formelle et l’informelle, de les restrictions de l’ambiance organisationnelle. Elle permet aussi l’analyse transculturelle que – dans la vision des auteursest un des défis majeurs quand on étudie les bureaucraties. Le problème plus complexe d’appliquer à ce phénomène par la méthode ethnographique a été le changement d’échelle. Cependant, le caractère hégémonique du discours managériale dominant a privilègé l’idée de l’uniformisation, de l’intégration. La propre notion de culture organisationnelle, tellement questionnée, reprend un but politique, effacer les différences et contradictions sur le pouvoir, les ressources, la dominance idéologique, etc. Mais, si l’ethnologue travaille généralement dans une dimension micro, la petite communauté est sa milieu «naturel», comment faire un travail utile par les grands organisations bureaucratiques?.... Telle question a devenu centrale parce que la fonction sociale du travail a été transformée par la montée des réseaux qui rendent modalités du travail flexible, souple, mais aussi précaire, et avec écarts très significatives parmi les différentes couches sociales.

Cependant, à partir des nombreuses discussions pendant le séminaire d’anthropologie que nous venons de finir, une chose remarquable de la compilation de Britan et Cohen, est son manque d’un véritable esprit de travail ethnographique. C’est difficile, parfois de tracer ou de préciser avec clarté la différence entre la vision anthropologique et la perspective macrosociologique. Les travaux sur les expériences internationales sont particulièrement construits à partir de cadres analytiques d’ensemble. Ça, ajouté à la courte étendue de chacun des textes inclus transmet au lecteur une sensation mélangée. Les collaborateurs à chaque article rédigé ne nous donnent pas un portrait détaillé de leur immersion sur le «terrain». Certainement, je ne peux pas nier qu’il existe dans ce livre des expériences et des constructions basées sur l’enquête ethnographique. Beaucoup d’entre eux ont vécu des séjours prolongés en Chine, au Nigére, aux États Unis, etc. Il y a une certaine approche du type ethno historique et également beaucoup d’approximations de l’Histoire institutionnelle.

Néanmoins, le manque d’une approche plus empirique est délibéré. Les auteurs ont fait sur ça, un modèle de référence. Ils croyaient plutôt que sur l’emphase empirique, serait nécessaire d’avoir une perspective intégrale (Britan & Cohen, 1980 :10). Dans telle perspective ils prendront distance du point de vue de l’anthropologie «classique». Comme l’a affirmé Keith HARDT (2002):

«La méthodologie adoptée par les anthropologues du XXè siècle a été l’ethnographie scientifique, l’observation participante, l’immersion pendant une période relativement longue dans des sociétés exotiques de taille réduite et considérées comme des entités culturelles homogènes et solidaires… Ils déclaraient que les réalisations littéraires accumulées et entreposées dans les bibliothèques devraient être envoyées à la casse, pour favoriser une découverte de la société comme elle est dans la réalité, à la base. Cette impulsion à rejoindre les gens où ils sont, même s’ils vivent soumis à des conditions politiques spéciales comme le colonialisme, est unique dans l’université occidentale. La plupart des autres disciplines se contentent de laboratoires, de bibliothèques et de salles de séminaires dans l’université ellemême. Les résultats du terrain doivent être rédigés dans l’isolement de la vie universitaire, car les anthropologues ont désespérément besoin d’une base pour reproduire la profession. Mais ils ont développé un style particulier d’écriture dont les idées sont issues de la réalité de la vie».

Le recueil ici analysé s’est puis construit sur une stratégie mélangée à l’égard de cette vision orthodoxe, empirique et «objective». La force de chaque article est fixée sur une narratif historique (de grande et de courte durée, selon le cas), en troisième personne et avec une rhétorique mi-scientifique propre au discours positiviste. Il y a –bien sûr – des références spécifiques mais, elles sont généralement isolées. De cette manière la vérité sort de façon circulaire, autodéterminée par la logique argumentative

Je crois que derrière de cette proposition il est possible de trouver ses limites. Nous verrons que les transformations des sociétés modernes ne sont pas réductibles à un seul, unique principe unificateur. Au contraire, c’est nécessaire de poser une grille de vision comparative et multidisciplinaire pour accomplir telle tâche. La situation contemporaine de la modernité est signée par la mondialisation de ses exploits, au delà de la matrice européenne et nord-américaine qui a été son centre. Mais, par l’extension de ses institutions à l’échelle de la planète.

Le déclin ou plus exactement l’épuisement de l’anthropologie traditionnelle commence avec l’éclatement des petites communautés isolées, qui avaient été le sujet préféré des pionniers. Mais aujourd’hui, les petits groupes sont forcements intégrés dans des ensembles plus vastes et complexes. Le paradigme de telle transformation sont les États nations et les bureaucraties propres à l’époque moderne, avec l’industrialisation et la montée des liens administratifs denses parmi les êtres humains

Britan et Cohen (1980 :21-22) considèrent que l’approche ethnographique a besoin d’une grille minimale des éléments structurants: Ils sont principalement: a) construire une taille de l’échantillon ou du terrain qui facilite la généralisation, mais qu’en même temps rends possible de gérer les informations; b) Différencier les règles formelles et les informelles, c) Considérer deux volets: les fonctions internes et les externes (In Put vs Out Put ); d) Plonger sur la vie quotidienne; e) Concevoir comme un élément clé les réseaux informels à l’intérieur des bureaucraties, et finalement, f) traiter avec la question environnementale des organisations complexes.

Cet argument central s’est construit ici en fixant la place des études anthropologiques sur la bureaucratie, dans l’univers plus ouvert des Sciences sociales et de la création d’une nouvelle communauté académique. Au delà des clichés sur ce sujet, je crois qu’il y a –dans le texte- une thèse très originale sur la connexion entre l’anthropologie des organisations et les processus d’évaluation et planification des Politiques Publiques. Les propres travaux des deux compilateurs sont attachés effectivement à ces types de pratiques de consultation et d’action recherche1. Les textes inclus, d’une certaine façon, ont donné des images évaluatives des performances de la bureaucratie publique en référence aux politiques et processus d’adaptation institutionnelle de celles-ci.

Mais, sur un terrain d’analyse des réalisations de la recherche, les textes ne donnent pas directement tels résultats. La comparaison est difficile à faire parce que la grille d’analyse est seulement, pendant tout cet ouvrage, un postulat abstrait, sans développements véritables. Il y a ici une distance très grande, même avec les polémiques travaux sur l’institutionnalisation culturelle qu’avait fait G. Hofstede (1980 – 2002), ou un peu plus tard R. Sainsalieu (1987) et Ph. d’Iribarne (1989).

LA POLITIQUE DE LA BUREAUCRATIE

L’action politique des fonctionnaires est aujourd’hui très différente de ses patrons classiques. Je pense à cet égard qu’il y a un délai entre la théorie politique et la pratique réelle de celle-ci. La scission la plus importante dérivée de l’incapacité de vastes secteurs de la population mondiale d’accéder aux terrains de discussion et de décision. L’élitisme de la vie politique reste une tendance inévitable. La question pratique mais cruciale est ici: Comment pouvoir accéder aux sources primaires de l’information?... Les élites ont toujours des traces d’impénétrabilité, surtout si le jeux est dangereux.

La vision anthropologique a un défi de deux volets où plus exactement, de deux possibilités analytiques, non contradictoires; peut -être complémentaires. L’étude et l’observation à l’intérieur de l’appareil. Ça se révèle comme une continuité de la méthode ethnologique classique. Les travaux les plus connus d’ethnologie organisationnelle appartiennent à telle démarche, par exemple M. Crozier (1963), P. Blau (1955), A Gouldner, seulement -par en passant- citer classiques. Mais il y a une quantité très remarquable à cette tendance, même en Amérique Latine (ici quelques travaux colombiens: F. Urrea et al, 2000; Anita Weiss, 1978).

L’autre alternative est l’étude à partir de l’extériorité. Le point central de Britan, Cohen, et al., s’est construit sur l’analyse de la bureaucratie en tant que phénomène qu’a produit un profond impact social. La relation qui préside telle influence a été la connexion État – Société. Un vaste répertoire critique a émergé depuis cet ouvrage séminal. Par exemple: K. Hardt (2002) a formulé avec emphase le rôle asymétrique des bureaucraties internationales dans les processus d’intervention au nom de la théorie du développement, parrainés par la banque Mondiale et le F.M. I. Le véritable dilemme est maintenant comment évaluer la force des bureaucraties dans leur condition d’alliés des pouvoirs économiques et politiques, en s’imposant sur les sociétés. Hardt l’exprime clairement: c’est la dominance de la Bureaucratie contre la population.

En effet, l’anthropologie telle quelle a été pratiquée par la génération des 60-70s du XXè siècle, est devenue un succès académique fondamentalement à cause de l’émergence de leurs analyses sur le développement. En Amérique Latine, en Afrique et en Asie, nous avions eu quatre dimensions du phénomène bureaucratique. L’état, les grandes entreprises privées, les appareils non économiques, solidaires, églises, partis politiques (Bref, ONG, et al.) et, finalement,les bureaucraties du développement.

A partir de certains textes de ce recueil on a commencé un effort pour penser et travailler avec les outils de l’anthropologie l’image extérieure des diverses bureaucraties. Telle tendance a été –bien sûr- profondément critique sur l’impact négatif du processus de bureaucratisation. Il est confondu avec la notion même de Modernisation ou la conception proche à celle-ci, d’institutionnalisation. Mais les intellectuels contestataires, parmi eux une quantité non méprisable des leaders sociaux «de base» (en espagnol, cette expression), dénoncent cette identification simple et manichéenne.

En lisant les textes de Cohen sur le Nigére et de Ch. Rosen sur l’Ethiopie (cf. Britan & Cohen 1980: 89 – 122), je me suis souvenu de la littérature anthropologique latino-américaine qu’a dénoncé avec fierté ce piège «argumentatif». C’est-à-dire, sur ce qu’on a fait passer la modernisation comme quelque chose équivalente avec la structuration de mécanismes d’imposition coloniale. Peut être l’anthropologue colombien qui a fait la meilleure contribution à la ligne d’analyse ouverte par Cohen, soit Arturo Escobar (1994), actuellement professeur à l’Université de North Carolina (USA). Il a bénéficié des longs séjours ethnographiques dans des régions marginales de la Colombie, où habitent surtout des minorités ethniques (afro descendants et indigènes), qui souffrent la domination bureaucratique de toutes les 4 modalités que j’avais signalées audessus2.

VISIONS RENOUVELÉES SUR LA RELATION BUREAUCRATIE – ANTHROPOLOGIE

Les textes de la compilation étudiée ont obtenu une grande influence non seulement dans les cercles anthropologiques mais aussi dans les sphères de la sociologie politique et les études sur le développement, pendant les dernières 25 années. Je pense à cet égard qu’au delà de ses valeurs intrinsèques sur le plan de la rigueur analytique, il reste son caractère fondateur. À l’introduction de cet ouvrage les compilateurs ont montré leur conscience de telle contribution, et aussi –bien sûr- de leurs limitations.

IMAGES DÉVOILÉES DE LA MACHINERIE DE LA BUREAUCRATIE PUBLIQUE

Dans les décennies suivantes s’est produit un ensemble significatif des études sur la bureaucratie à partir d’une vision anthropologique. Je ne vais pas faire ici une synthèse de telles contributions. Seulement, Je veux prendre quelques brefs exemples attachés aux problèmes posés dans l’ouvrage de Britan & Cohen. Premièrement, Je voudrais souligner la contribution de l’anthropologue français Denis Guigo, qui a fait dans son travail le plus connu une contribution originelle à l’ethnographie des bureaucraties tiers-mondistes. Les deux grands fils conducteurs de sa démarche sont la question du Pouvoir organisationnel, mais en l’abordant dans la perspective ethnographique et non seulement à partir du discours abstrait (la Hiérarchisation à travers plusieurs mécanismes, la fonctionnalité de l’autorité, et les divers processus de différentiation, sont les variables abordées). D’un autre côté, la question de la production et gestion des univers symboliques est le centre de son travail ethnographique proprement dit3. La fonctionnalité de la vie étatique trace les points forts de séparation entre le publique et le privée. Le But organisationnel gouverne les liens sociaux dans l’entreprise. Mais en échange, les logiques extérieures à l’administration deviennent les causes des actions à l’intérieur de la bureaucratie publique.

D’autres exemples de telle ligne d’analyse se trouvent dans des travaux concernant la corruption publique. L’anthropologue norvégienne Tone K. Sissener (2001) a souligné la nécessité d’une approximation ethnographique au phénomène de la corruption dans les pays du «tiers monde». Il est difficile à contourner les données sur le vol institutionnel, le trafic des influences, etc. Seulement à partir de l’observation in situ ce sera possible d’obtenir des descriptions vivantes et précises. Dans la plupart de l’Amérique Latine, les documents récents les plus remarquables sur la corruption ont été écrits par des journalistes, Free lancers, et mêmes des académiciens par le biais de l’accès ‘au terrain’ (Arellano et al, 2002). Ainsi, à travers d’interviews avec des informateurs cachés, des témoins et inclus avec la participation simulée des chercheurs au secteur public ou en faisant le rôle d’embauchés de chantiers, etc., on a pu rendre compte des principales dimensions de tel phénomène. Ça, c’est une recherche non seulement indépendante mais aussi bien risquée.

Il y a ici, en plus, un argument très puissant: la logique de la corruption pourrait être perçue à partir des structures de formalisation des comportements et des relations État – Société. De telle manière qu’en plus des contrôles et des règlements, beaucoup plus de liens et de réseaux de favoris. A propos, dans mon pays il y a un proverbe: faite la loi, faite la tricherie. «Hecha la ley, hecha la trampa» récite l’expression!

LE SAVOIR POUVOIR COMME AXE DE LA FONCTION BUREAUCRATIQUE

Michael Herzfeld (2003) a dit que dans l’Etat nation bureaucratique les fonctionnaires ont la tâche de classifier les personnes qui s’adressent à eux. Ainsi, la notion de service public s’appuie sur la capacité de tels fonctionnaires à interpréter les règlements et les principes taxinomiques qui constituent leur pouvoir pratique.

«Les principes aléatoires sous-jacents au fonctionnement bureaucratique de l’État disparaissent derrière une homogénéité voulue qui protège les enjeux des acteurs globaux. Les gens n’ont plus qu’à se soumettre – ou à se supprimer – devant la logique hégémonique et intériorisée de cette hiérarchie de valeurs… plus les gens se trouvent soumis à un régime taxinomique qui ne correspond à aucun pouvoir civique, plus il perdent la fierté professionnelle de ce qu’ils étaient… c’est ainsi que nous, anthropologues, nous nous trouverons totalement dépourvus de tout rôle dans un monde «international » mais sans «identités culturelles».

Penser à la connexion Savoir Pouvoir, au delà des modèles connus ou des paradigmes de Foucault à ce sujet, ça c’est une tâche urgente pour la nouvelle anthropologie. La force de la légitimité des pouvoirs de toute sorte, en effet, est liée à la place instrumentale de l’ordre technique des sociétés. A la fois, tel ordre devient possible avec l’existence de la concrétion des savoirs en appareils de domination sociale, l’influence des idéologies médiatisées. L’actuelle montée du capitalisme sauvage et le discours néolibéral de marchandisation de tous les biens publics sont manifestation expresse de cette dérive. En telle direction écrivent Florence Piron et Marie Andrée Couillard (1996) que la logique bureaucratique, comme:

«Incarnation de la rationalité instrumentale, a toujours été présente dans le travail scientifique avec lequel elle a en commun l’idéal de la clarté dans la catégorisation du réel. Dauber (1995) l’a découverte au coeur même de l’entreprise anthropologique. S’inspirant notamment des travaux de Latour, il a relu les notes de Malinowski et de Bunzel afin de montrer comment le savoir anthropologique acquiert son autorité sur la base d’une formalisation “bureaucratique” (“the arts of filing and cross referencing”) du matériel recueilli. La pratique du terrain est ainsi démystifiée: mises en fiches, classements, diagrammes, schémas, s’avèrent autant de techniques bureaucratiques indispensables à la production du savoir anthropologique. L’auteur va plus loin lorsqu’il conclut que ces technologies sont responsables de la production d’un savoir “différent” de celui des armchair anthropologists qui était, quant à lui, fondé sur l’allégorie et l’herméneutique, et que ce sont ces technologies qui garantissent et légitiment son autorité scientifique»

Le problème qui émerge, c’est la transformation du Savoir. Il a une interrogation sur le rôle des universités et autres centres de production de la pensée, à partir des nouvelles ontologies dérivées des changements globaux. La question décisive c’est l’analyse du discours en tant que tous opèrent comme méta récits, en dépassant la dichotomie entre vérité (Science) et idéologie. La vie intellectuelle contemporaine, nous montre l’existence nécessaire de l’institutionnalisation de la production, circulation et consommation des savoirs, récits, méta récits, et de toute sorte de biens culturelles. La tendance émergente se dirige vers la marchandisation amplifiée de la Culture. Mais, il n’y a pas de processus d’épuisement de la dimension politique. Cela se manifeste dans le mouvement de régulation du Marché, dans les nouvelles tâches de l’état en transformant ses anciens cadres de référence. La technologisation des sociétés4 détermine l’amplification de la capacité des bureaucraties renouvelées, de contrôle de la vie publique et ça devient aussitôt une tendance vers fixer des démarches sur la vie privée. La contradiction de la vie sociale se présente ici dans sa dimension dramatique: l’exacerbation de l’individualisme est une utopie efficiente, sur le terrain des imaginaires et auto représentations subjectives, mais il est contourné par les forces impersonnelles de l’institutionnalisation organisationnelle.

VERS LA ETHNOLOGIE DE LA BUREAUCRATIE MONDIALISÉE

L’influence de la compilation ici étudiée a été très remarquable. Pour le constater on doit seulement chercher sur Internet les nombreuses références autant en base de données qu’en citations des principaux travaux inclus dans «Hierachy and Society». En spécial, le texte de R. Cohen sur le Nigére est devenu une référence presque rituelle pour parler des déviations de la bureaucratisation dans les pays sous développés (L. A. Lomnitz5, 2004). Les traces que l’auteur mentionné a soulignées se trouvent partout. L’excessive centralisation, la nature patrimoniale de l’emploi publique, la corruption et ses liens avec les cultures locales, etc. Comme l’a dit précisément L. Lomnitz, la corruption est ancrée généralement sur la construction d’un vaste tissu de liens, «favores», du type: patronage, protection, inter change des appuis, entre les espaces formel et informel des sociétés dans le «Tiers Monde». La vie formelle est centrée sur la fonction bureaucratique, la vie informelle est –au contraireune mixture hétéroclite de criminalité, pauvreté, exclusions sociales, et logiques de survivance. Les expressions sur les déviances bureaucratiques au Nigére sont devenues paradigmatiques.

V. Mirza (2002) supporte avec fermeté la possibilité de créer à propos des phénomènes de la Mondialisation, une approche anthropologique. Cela doit être lié à la mise en scène de nouvelles perspectives sur le regard dit «orthodoxe » de l’ethnographie traditionnelle. Pour une meilleure soutenance de sa thèse Mirza nous donne une définition presque opérationnelle de la mondialisation. Il a souligné 4 traces centrales: a) Élargissement du marché et croissance exponentielle des échanges internationaux. b) Augmentation de volume et de vitesse des relations économiques de toute sorte. c) La diffusion des informations et des connaissances à l’échelle planétaire. d) La quatrième trace est un peu floue: il n’y a pas de claire frontière entre les choses inédites et les anciennes; et même, entre les niveaux locaux et globaux.

La quatrième trace est la base, le véritable point de départ de l’analyse de Mirza. Jadis, à l’époque coloniale, les relations entre le local et le Centre (métropoles) étaient différentes, plus linéaires, que les liens et relations complexes de notre époque (pp 166). Les espaces transformés sont plusieurs, avec simultanéité à un changement du rôle et de l’ubiquité du chercheur; les équipes multidisciplinaires actuelles vs le travail isolé de celui-ci; le terrain même, qui se transfigure: Non plus un espace fixe, mais des connexions entre diverses situations géographiques, par la construction de sujets trans-spatiaux, communautés professionnelles, réseaux, etc. Bref: les outils traditionnellement dominants, les méthodes, deviennent une autre chose à cause de la nécessite de construction de scénarios multi situés. Ça rappelle le besoin de créer une nouvelle cartographie (Mirza, 2002: 168).

La grille analytique est basée sur une triade: a) le niveau local, mais en référence à l’impact des forces globales (résistance, négociation, évitement); b) le niveau global (liens globaux, dynamiques trans-locales, contingences) et; 3) l’intégration problématique entre ces deux éléments-là. Pour Mirza c’est le lieu de la configuration de l’imaginaire (A. Appadurai, 1996). Il s’appuie ici sur les théories de ce penseur Indien américain sur les représentations qui sont le fondement profond de la Morale, le nationalisme, les identités communautaires6.

A partir de sa vision, Mirza croit que l’ethnographie de la mondialisation doit s’inscrire dans un contexte historique; dite synchronique, avec des temporalités complexes qui mettent ensemble les différences d’écart et de l’instantanéité. Il est nécessaire finalement de prendre en compte le système mondiale capitaliste comme la cible des études ethnographiques sur la mondialisation. Dans cette vision, les Sites de recherche sont -dorénavant- les processus euxmêmes. Pas un endroit spatial n’est fixé. Telle anthropologie n’est pas en situation de contradiction antagonique avec la tendance aujourd’hui dominante. Elle est un produit intellectuel en construction, de façon à produire un certain «compromis entre la territorialité et la déterritorialisation absolue » (Ibid: 169). Mirza interprète les phénomènes de mondialisation comme des processus transitionnels.

En telle direction, Je crois viable de capturer les dimensions analytiques de la hiérarchisation en tant que catégorie centrale du phénomène bureaucratique. Les travaux déjà mentionnés de Hofstede (1980, 2001) ont incorporé ce niveau analytique ainsi que la notion de distance au Pouvoir pour rendre gérable de préciser le concept, dans le cadre d’une culture nationale7.

CONCLUSIONS

La bureaucratisation reste autant que phénomène anthropologique, mais, plutôt comme un privilège de minorités, malgré considérables- bien sûr- qui gère le désespoir du reste. Les citoyens normaux construisent des règles informelles pour s’adapter à ces logiques d’appropriation même auto nuisibles. Les coûts de la corruption bureaucratique et des effets négatifs de la bureaucratie sont payés par la société entière, et en premier lieu de la file, les plus pauvres.

Elle appartient à la division, à l’ébranlement des communautés en espaces d’inclusion et d’exclusion. Au même temps les bureaucraties obtiennent le pouvoir d’administrer les risques elles-mêmes. Certainement, ces bureaucraties souffrent des changements majeurs en fonction d’une augmentation de leur instabilité, permanence –sur le plan des expectations personnelles de leurs membres- non sur le plan abstrait des institutions.

La théorie politique contemporaine (M. Foucault, 2004; D. Held, 1999; Z. Laidi, 2004; J Habermas, 2000; et al) a construit un plexus de relations plus fécondes sur la façon de refonder ontologiquement le Pouvoir social et politique, sur la fracture entre territoire et population. Un grand espace de travail académique est en train de rendre des résultats en interprétant les problèmes de différentiation et de corrélation entre les nouveaux «Mondes de la vie » (Husserl- Habermas) et les mondes de la souveraineté politique globale, supranationaux.

L’état malgré le pouvoir partiel de ses bureaucraties et de la «Classe Politique», c’est-à-dire de tout l’ensemble de cadres et de fonctionnaires payés, est surtout un instrument entre les mains des pouvoirs économiques et sociaux, enracinés dans la longue durée de la construction institutionnelle. Les partenariats expriment aussi les formes dominantes de la coopération publique privée sur la logique de marchandisation de la plupart de ces sphères de la vie publique et privée.

Les tendances de la globalisation n’annulent pas la force des organisations bureaucratiques. Probablement, une description adéquate de ce phénomène nous permettrait de comprendre la tendance réelle, profonde des transformations organisationnelles. Premièrement: Centralisation combinée avec une grande décentralisation opérationnelle (le modèle de Franchises, «Outsourcings», partenariats, Holdings, etc.). Deuxièmement: Nouvelles façons de gérer les sociétés et les entreprises, au delà des cadres politiques traditionnels, des lois nationales, les parlements, à travers les alliances supra étatiques et les formes renouvelées de productivité des politiques publiques globales (Forum de Davos, rôle clé de certains THINK TANKS, Instituts de recherche ancrés dans les Universités d’élite, Lobbying multilatéral, Clubs exclusifs comme le G &, le OCDE, etc.).

Faire l’anthropologie de ces endroits, organismes, appareils, nous permet de capturer des dimensions oubliées et cachées de la vie quotidienne, de la mécanique d’horlogerie des bureaucraties de notre temps. Observer les Parlements, les lobbyistes, les partis et leurs candidats en action, pénétrer les relations de type hiérarchisées est une tentation pour l’esprit aventurier des ethnologues mais probablement un défi moral. Comprendre ce n’est pas un exercice sans risque et sans dimensions de compromis social. Sujets comme la corruption, l’abus du pouvoir, les tentations de la machinerie de s’imposer sur le citoyenneté seront des éléments qui feront très utile la continuité de la démarche ethnographique sur toutes les bureaucraties. Dans les paroles de l’anthropologue colombien déjà cité ici, Arturo Escobar (2003) la critique à la bureaucratisation plonge sur la critique au rationalisme utilitariste de l’homme oeconomicus, et cherche de nouvelles manières de penser la sociabilité:

Fancy categories such as self-organization, nonlinearity, attractor, and non-hierarchy are used to spell out these processes. In addition, for many, complexity in natural and social life unveils an underlying, and until now largely uncharted, principle: networks. This principle is perhaps most clearly revealed in the domain of cyberspace; however, it is increasingly visible in the domain of global movements Economic and social life have tended to be largely organized on a logic of order, centralization, and hierarchy building. Pushed by capitalism and its drive to accumulation over the past few hundred years, this logic has resulted in systems in which the few privilege at the expense of the many. What has remained largely hidden, however, is that this logic is present not only in those social structures that are evidently exploitative. More often than not, similar logics have animated allegedly alternative systems, including socialism and most organizations on the Left. A different logic or model of social organization (which was always at play, albeit marginalized) has become increasingly visible in the most recent decades.

Probablement, ce type d’argument est quasiutopique. Parce qu’il rend possible le dépassement historique de la bureaucratie, la hiérarchisation et les asymétries du Pouvoir. Les réseaux sont une réalité frappante de notre temps, mais ils se plongent dans les dynamiques de la néo bureaucratisation. L’exemple posé par K. Neuman (143-164) sur les tendances vers la bureaucratisation qu’émergent dans les organisations égalitaires confirme notre thèse. Et le dernier texte de la compilation analysée (Denich: 165-175) fait la même chose sur le plan de la professionnalisation du métier anthropologique. Cependant, rien n’empêche la continuité de la tâche: étudier les nouvelles manières de structuration du phénomène bureaucratique en mettant l’emphase sur les transformations culturelles et sociales de la Mondialisation des relations du pouvoir, au delà de la modernité classique.

NOTAS AL PIE

1. Voir; Gerarld M. Britan et Michael Chibnik. «Bureaucracy and innovation – An American case: pp. 61 – 77. Aussi: COHEN Ronald, “The blessed job in Nigeria”, pp. 73 – 88.

2. Personnellement, il y a quelque temps, quand je me suis occupé à des tâches de consultation j’ai connu -de façon partielle- des expériences semblables à celles racontées par A. Escobar, dans le ville portuaire de Buenaventura (Bonaventure) sur la côte pacifique colombienne. Les gens là-bas ont une profonde méfiance de toute forme d’appareil bureaucratique, mais –au même temps- ils tentent d’utiliser leurs ressources. Les structures de patrimonialité sont, à cause de cela, très enracinées dans la culture populaire locale.

3. Les cas que Guigo a décrits sont, à mon avis, exemplaires, particulièrement la description vive, éclatante, de la Mairie dans la banlieue de Buenos Aires. Comme je suis professeur d’Administration publique je peux donner foi de la qualité exacte du portrait de notre vie politique en Amérique Latine. Les sordides disputes pour le Pouvoir, même des petites choses de la vie bureaucratique quotidienne… les alliances et intrigues, la valorisation des comportements en fonction des logiques d’adhésion politique et non par la tâche administrative accomplie, le népotisme, le rôle des syndicats et les logiques du clientélisme, sont des choses bien familiales. Dans la même ligne d’analyse l’histoire de l’entreprise publique argentine d’électricité est une manière concrète de tracer les principales caractéristiques de l’action politique corporatiste propre à la société argentine pendant l’hégémonie du Péronisme. Le syndicat est ici la force permanente, stable, pendant que les administrateurs publics, soient désignes par les élites corporatives (Péronisme), militaires (dictatures) ou civiles (la dernière période), sont incapables de gérer l’entreprise au delà des dimensions formelles, proto légales. La description ethnographique montre les tensions entre ces deux pouvoirs en contradiction. Et aussi les contextes vastes, macro institutionnels et culturels qui déterminent la vie et la force de la faction syndicale. Il exprime de façon additionnelle à partir de la narrative les limites et les absurdités de la forme participationniste qui représentait le contenu identitaire du discours syndical (l’autogestion, l’égalitarisme et les mécanismes «directs » de représentation).

4. Je pense à la notion Habermasienne de raison instrumentale comme une manière adéquate de penser aux connexions entre la raison sur le plan de la vie politique et économique, en la différentiant du rationalisme «pur » ou abstrait du type idéal, propre au «devoir être » philosophique. Je crois, par exemple, que les logiques contemporaines du Pouvoir politique, même les plus extrêmes (Totalitarismes, démocraties de l’argent et des groupes d’intérêts: Lobbying), utilisent les techniques de domination sur la base de l’analyse rationnel. Il n’y a pas de contradictions ici. La Bureaucratie est à mon avis l’esprit qui synthétise ce modèle d’imposition étatique et manageriel sur les sociétés civiles.

5. Cfr. aussi les études de la professeur Larissa A. Lomnitz sur les expériences de recomposition du pouvoir politique au Chili et au Mexique (2000; 2002).

6. Appadurai a affirmé sur ce sujet: «le paradoxe central de la politique ethnique aujourd’hui est que les primordia (de langage, de couleur de peau, de quartier ou de parenté) sont désormais globalisés. Autrement dit, les sentiments, dont la plus grande force tient dans leur capacité à susciter l’intimité dans un État politique et à transformer la localité en un terrain progressif de l’identité, se sont répandus sur de vastes espaces irréguliers au fur et à mesure que les groupes bougeaient tout en restant liés les uns aux autres grâce à des modes de communication sophistiqués. Il ne s’agit pas de nier que ces primordial sont fréquemment le produit de traditions inventées ou d’affiliations rétrospectives, mais de souligner que, du fait d’une interaction disjonctive et instable du commerce, des médias, des politiques nationales et des fantasmes de consommation, l’ethnicité, qui était autrefois un génie contenu dans une bouteille d’une sorte de localisme, est désormais une force globale qui se glisse sans arrêt dans et à travers les fissures entre États et frontières » (2001; Ca, c’est l’édition française du texte en anglais de 1996).

7. Hosftede (1980) croit avoir trouvé 4 traces constitutives de la différentiation culturelle: a) la dichotomie Individualisme vs collectivisme, b) grande ou petite distance hiérarchique, c) le contrôle d’incertitude, et d) Masculinité vs Féminité. Les points peuvent tous être référenciés dans une analyse situationnelle de la condition bureaucratique. Cependant, Hofstede s’est basé sur des enquêtes et des interviews et non pas sur l’observation directe de type ethnographique.


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