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Íkala, Revista de Lenguaje y Cultura

Print version ISSN 0123-3432

Íkala vol.24 no.3 Medellín Sep./Dec. 2019

https://doi.org/10.17533/udea.ikala.v24n03a09 

Empirical Studies

Árabe estándar y argelino: un enfoque sociolingüístico y un análisis gramatical

L’arabe standard et l’algérien : une approche sociolinguistique et une analyse grammaticale

Standard Arabic and Algerian Languages: A sociolinguistic Approach and a Grammatical Analysis

Nassima Kerras1 

Moulay Lahssan Baya2 

1B. A. en Traduction et Interprétation, M. en Traduction, Universidad Autónoma de Barcelona, Ph. D. en Traduction, Universidad de Granada. Professeure de Culture et langue, Universidad Pompeu Fabra, Espagne. Calle Avellà, 1.er piso 7. 08003. Barcelona, España. Email : nassima.traductrice.k@gmail.com http://orcid.org/0000-0002-9700-8257

2Dr. en Traduction et Interprétation. Professeur de Traduction et Interprétation, Département de Traduction et Interprétation, Universidad de Granada (Espagne). Directeur du Groupe de Recherche hum-835 "Traduction, Connaissance, et Culture", Universidad de Granada, Espagne. Calle Buensuceso, 11, Granada, España, 18002. Email: baya@ugr.es http://orcid.org/0000-0002-3066-8082


Resumen

El objetivo de esta investigación es realizar una comparación entre la gramática de la lengua árabe y la gramática del dialecto argelino. El argelino se usa en el día a día de los argelinos residentes en Argelia u otros países. Los discursos políticos se realizan en argelino, así como la publicidad, las series de televisión, el cine, la radio, la comunicación por redes sociales, etc. El árabe es el idioma oficial de Argelia. Pese a su importancia en el mundo, su uso se limita a lo escrito, a la comunicación internacional entre países árabes o a la enseñanza. La importancia del árabe está presente en Argelia, pero la lengua madre de ese país es el argelino, al igual que el tamazight, que se emplea en ciertas regiones, es una lengua que pertenece a más de 42 millones de habitantes, que la usan de manera cotidiana para expresar sus necesidades y sentimientos; de ahí la importancia de estudiar su evolución, su gramática y su uso. Se realizó esta comparación entre las dos lenguas con el fin de comprender el funcionamiento de una lengua viva, poco estudiada por los lingüistas.

Palabras claves: dialecto argelino; identidad; gramática; lengua árabe; sociolingüística.

Résumé

L’objectif de notre recherche est de réaliser une comparaison entre la grammaire de la langue arabe et celle du dialecte algérien. L’algérien est le dialecte utilisé dans la vie quotidienne par les Algériens qui vivent en Algérie ou ailleurs. Les discours politiques se font en algérien, de même que les publicités, les séries télévisées, les films, la radio, la communication à travers les réseaux sociaux, etc. (Kerras et Baya, 2017). L’arabe est la langue officielle en Algérie. Malgré son importance dans le monde, son usage est limité à l’écrit, à la communication internationale entre pays arabes ou à l’enseignement (Ibrahimi, 2004). L’importance de l’arabe est présente en Algérie, mais la langue mère de cette nation est l’algérien, ainsi que le tamazight qui est pratiqué dans certaines régions (Chachou, 2008), il s’agit d’une langue qui appartient à plus de 42 000 000 habitants, qui l’utilisent quotidiennement pour exprimer leurs nécessités et sentiments, d’où l’importance d’étudier son évolution, grammaire et usage. Cette comparaison est réalisée entre les deux langues afin de comprendre le fonctionnement d’une langue vivante peu étudiée par les linguistes.

Mots clés : dialecte algérien; identité; grammaire; langue arabe; sociolinguistique.

Abstract

This research study aims to present a comparison between Arabic language grammar and Algerian dialect grammar. Algerian is used daily by Algerians resident in Algeria and other regions. Political discourses are performed in Algerian, as well as advertising, television series, film, radio, communication through social media, and so on. Arabic is Algeria’s official language. Despite its importance over the world, its use is limited to writing, international communication between Arabian nations, and instruction. The importance of Arabic is present in Algeria, but the country’s mother tongue is Algerian -along with Tamazight, which is used in some regions-. This language belongs to over 42 million inhabitants, who use it on a daily basis to convey their needs and feelings; hence the importance to study its evolution, grammar, and use. The purpose of comparing both languages was to understand the inner workings of a living language, little studied by linguists.

Keywords: Algerian dialect; identity; grammar; Arabic language; sociolinguístics.

Introduction

Le dialecte algérien est une langue vivante et est utilisée quotidiennement par les interlocuteurs dans tous les comportements de la société et les dialogues familiaux ou autres. Beaucoup de débats existent autour des langues vernaculaires (Ravel, 2013, p. 5). La diglossie existante dans le monde arabe du point de vue linguistique doit être démontrée, en particulier entre l’arabe standard (al-fuṣḥa`) et le dialecte pratiqué dans chaque pays ou région arabe. La diglossie est donc définie comme l’utilisation alternative de deux variétés de la même langue dans différents contextes de praxis communicative ; cela est évident entre l’arabe classique et l’arabe dialectal (Martínez, 2018, p. 361). Dans notre cas, il s’agit de l’arabe classique comparativement au dialecte algérien. La première langue est enseignée à l’école alors que le dialecte est la langue de communication, ou langue vernaculaire, qui est connu comme ʻāmmiya ou dariŷa՚. C’est-à-dire, ce qui est habituellement connu sous le nom de dialectes arabes (Vicente, 2011, p. 353). Plusieurs analyses démontrent que la séparation entre ces deux variétés est très difficile à mettre en évidence pour diverses raisons. La notion diglossie a été utilisée et mise en relief pour la première fois en Algérie en 1930 en raison de la coexistence de deux langues, l’une écrite et l’autre parlée. La diglossie signifie la coexistence de deux registres, un écrit et un parlé ; le premier n’est pas parlé et le second n’est pas écrit.

Cette dichotomie a engendré des positions contradictoires entre ceux qui prônent l’enseignement des dialectes et son importance à côté de l’arabe standard, et ceux qui sont réticents ou carrément contre l’enseignement du dialecte pour des raisons souvent politiques et idéologiques. Selon Boussofara-Omar (2006), certains intellectuels et chercheurs arabes préfèrent décrire la situation par des termes tels que crise, ou conflit, tandis que d’autres voient le problème comme un problème social.

Après ce bref exposé sur la situation linguistique dans le monde arabe, en particulier sur le sujet délicat et important de la diglossie, nous revenons au thème central de notre recherche qui consiste à comparer la grammaire de la langue arabe et celle du dialecte algérien. Le motif qui nous a poussé à faire cette recherche est la croissante demande d’enseignement du dialecte algérien en Europe, et la difficulté d’enseigner une variété de l’arabe standard dont le vocabulaire, la phonétique et la grammaire sont distincts. Beaucoup d’étudiants européens qui ont acquis la langue arabe et commencent à étudier l’un des dialectes arabes trouvent une différence entre les deux variétés linguistiques, tout comme un étudiant qui a acquis un dialecte à la maison, mais l’apprentissage de la langue arabe lui est difficil en comparaison à la langue utilisée par ses parents.

L’algérien a évolué à travers le temps tout comme les autres langues ; l’apparition de l’écriture en algérien est récente, seul l’arabe et le français sont les langues de l’écrit en Algérie (Ibrahimi, 2004). Actuellement, les textes publicitaires, les annonces dans les journaux, les communications dans les réseaux sociaux et les messages téléphoniques se font en partie en algérien (Kerras et Faber, 2012 ; Kerras et Baya, 2017). Cette évolution et l’usage quotidien de cette langue nous pousse à observer et étudier le fonctionnement du dialecte.

Il est bien évident que le dialecte est essentiellement parlé et il n’est pas codifié, mais à partir du moment où les manifestations écrites commencent à croître, il sera nécessaire de faire l’effort d’étudier le fonctionnement de ce dialecte. Tout dialecte a un fonctionnement lexical et syntaxique qu’il faut mettre en évidence avec le temps lorsque le besoin de correspondre devient indispensable.

L’arabe standard a subi des distorsions avec le temps dans tous les pays arabes, mais les évolutions des langues dialectales sont différentes d’un pays à un autre en raison des facteurs contextuels de chaque pays et des interventions d’acteurs différents.

Sociolinguistique

L’évolution du dialecte algérien sera analysée au sein d’une société qui utilise cette variété linguistique comme langue mère, malgré le caractère officiel de la langue arabe standard dans la législation algérienne, les livres scolaires et la presse dite arabophone. La langue française était une langue importante due à l’histoire de l’Algérie, les médias et les études se faisaient en langue française. Après l’instauration d’une politique arabisante, l’arabe est devenue la langue officielle dans la législation algérienne, même si son usage dans la vie courante est assez limité depuis les années soixante (Ibrahimi, 2004). L’utilisation de l’arabe se limite à l’enseignement primaire et secondaire, et parfois universitaire pour les branches littéraires. Les autres branches sont enseignées principalement en français, comme la médecine, la pharmacie, la technologie ou l’architecture.

La langue arabe est utilisée à l’écrit au même titre que le français (journaux, documents officiels, et littérature) étant donné que l’Algérie est un pays bilingue (Chachou, 2008). Le dialecte algérien a toujours existé, c’est la langue de communication à la maison avec la famille, dans la rue avec les amis, mais ce dialecte a acquis une importance primordiale ces dernières années, car il s’utilise de plus en plus à l’écrit dans plusieurs domaines (publicité, annonce, sous-titrage, revue, radio, etc.) (Baya et Kerras, 2016). Instinctivement l’algérien parle son dialecte spontanément, contrairement à l’arabe standard. Le développement technologique en Algérie nous permet d’observer encore plus l’usage du dialecte algérien en comparaison aux autres langues qui s’utilisaient beaucoup plus dans le passé. Le français était la langue utilisée par les Algériens pour la communication de masse, sauf que ces dernières années l’usage du dialecte algérien s’est de plus en plus généralisé (Chachou, 2008). Les langues vernaculaires sont présentes dans plusieurs pays, d’où l’importance de les étudier. Beaucoup de langues vernaculaires ont acquis petit à petit un statut de langue officielle même si le processus d’aménagement linguistique est lent, tel que le luxembourgeois ou le maltais: « Le luxembourgeois est de plus en plus utilisé dans des situations formelles jadis réservées au français » (Fehlen, 2004, p. 33).

Le dialecte algérien manque de codification et de consentement entre chercheurs. Il est écrit soit en lettre latine ou en lettre arabe, et cela dépend de l’interlocuteur et sa préférence linguistique ou son niveau éducatif. À l’écrit comme à l’oral il y a des différences bien marquées entre l’arabe et l’algérien, comme nous le constaterons lors l’analyse pratique des deux variétés ; la morphosyntaxe et le lexique sont propres au dialecte algérien en raison du passé du pays et le frottement de diverses civilisations avec la culture algérienne, comme l’explique Ibrahimi :

Après l’Antiquité où la présence du punique et du latin était attestée, le long séjour des Ottomans à partir du xviesiècle va, sans bouleverser le paysage linguistique désormais partagé entre régions berbérophones et régions arabophones, sensiblement influer sur les variétés langagières urbaines (Alger, Béjaïa, Médéa, Constantine et Tlemcen) qui ont emprunté nombre de vocables turcs dans des domaines divers de la vie quotidienne (cuisine, habillement, noms de métiers, patronymes, etc.). Durant toute cette période et même avant l’arrivée des Ottomans, les Algériens ont aussi été en contact avec des langues européennes. Ce fut, notamment, le cas de l’espagnol dans l’Ouest du pays, en raison d’abord de la présence coloniale espagnole durant trois siècles dans la ville d’Oran. Puis, plus tard, de la présence sous l’occupation française d’une forte proportion […]. Toutefois, c’est le français qui a le plus perduré et influencé les usages, bouleversé l’espace linguistique et culturel algérien. Les circonstances de son intrusion, dans cet espace, lui ont conféré un statut particulier dans la société algérienne coloniale et post-coloniale. (Ibrahimi, 2004, p. 23)

La diachronie linguistique en Algérie est simple : l’algérien a toujours existé puisqu’il est appris dès la naissance, sauf que d’autres langues ont pris le dessus durant des années tel que le français. C’est une richesse d’avoir autant de langues en compétition dans un même pays, mais l’évolution de l’algérien est intéressante, puisque nous arrivons à écrire en algérien même sans codification. Il faut étudier cette assignation fonctionnelle, en prenant en considération l’espace géographique et historique, le contact des langues et des civilisations qui sont passées par l’Algérie, le fonctionnement de la langue par rapport à la langue officielle (l’arabe) et l’influence des langues étrangères afin de reconnaître l’étymologie des mots, la logique de la grammaire, et l’importance de l’identité.

Nicolaï et Ploog (2013, p. 202) font une comparaison intéressante entre le latin et les langues vulgaires comme suit : « Un tel éloignement du latin vulgaire de la norme écrite que l’on ne peut plus le décrire comme la variété d’une langue, mais comme plusieurs langues vulgaires indépendantes ». C’est une comparaison qu’on peut faire entre l’arabe standard et les autres langues vernaculaires : l’algérien est fondé sur la langue arabe et sur l’étymologie de langues étrangères véhiculées par l’histoire de ce pays.

L’arabe est la principale langue qui a donné naissance au dialecte algérien, qui fonctionne de façon indépendante suivant sa propre phonétique, car son étymologie est partiellement distincte ainsi que sa morphosyntaxe comme il sera examiné dans le chapitre suivant. Nicolaï et Ploog (2013, p. 210) examinent le fonctionnement du latin et des langues romanes, et cette comparaison est primordiale pour comprendre le fonctionnement du dialecte algérien par rapport à l’arabe : « Les altérations dans la morphosyntaxe amènent les langues romanes à se différencier typologiquement du latin ». L’algérien est fondé sur la langue arabe mais aussi sur les langues qui ont partagé son passé (le turc, l’espagnol, le français et le berbère principalement), et les langues actuelles de science et technologie tel que l’anglais. La même comparaison a été faite par Nicolaï et Ploog pour comparer le latin et les langues vulgaires :

Outre ces modifications internes, le vocabulaire du latin vulgaire connait également des innovations dues aux emprunts. […] La naissance des langues vulgaires présuppose une fragmentation du latin en différentes langues qui s’éloignent tant de lui qu’entre elles. Pour expliquer une telle évolution, le changement phonétique usuel n’est pas suffisant. C’est plutôt une combinaison de différents facteurs : des différences diatopiques, chronologiques et sociales au sein du latin, ainsi que le contact du latin avec d’autres langues et surtout l’effondrement de l’Empire romain. (Nicolaï et Ploog, 2013, pp. 215-216)

Fehlen (2004, p. 31) mentionne le découpage d’une langue selon la frontière linguistique en analysant la langue francique. C’est le cas pour notre analyse car la phonétique repose sur la géographie du pays, un Algérien prononce différemment un mot arabe qu’un Égyptien, par exemple, pour des raisons géographiques (Roman, 1974, p. 126). La société influe sur la formation d’une langue comme on vient de le signaler : l’histoire a des implications, ainsi que la géographie, la culture, etc. ; et la grammaire est forcément différente, car on parle de structure différente, de l’emprunt, d’une logique distincte. Fehlen (2004, p. 31) a fait une étude sur la grammaire du luxembourgeois et considère l’étude d’une langue en autonomie importante pour la compréhension de la grammaire : « On ne peut comprendre la grammaire du luxembourgeois que si on le traite comme langue autonome ». Le même auteur exprime l’absence d’une politique d’aménagement linguistique et c’est le cas en Algérie. On vit une situation de plurilinguisme qu’il faut admettre, et donner la chance à une langue vivante d’évoluer est essentiel pour affirmer son identité.

Prenons comme exemple le cas des enfants et l’apprentissage des langues en Algérie : un enfant de quatre ans qui a la possibilité de rejoindre la crèche (n’étant pas obligatoire), bénéficient d’une formation pré-scolaire en dialecte algérien, les encadreurs qui n’ont pas nécessairement une formation en langue arabe standard donnent le maximum de connaissance en algérien en intégrant au fur et à mesure l’arabe standard à travers des chansonnettes et des jeux. Ces enfants ont moins de difficulté une fois arrivés à l’école primaire que ceux n’ayant pas bénéficiés de ce type de scolarité.

Par ailleurs, l’enseignement du marocain ou du syrien très demandé en Europe exige des bases de grammaire et un programme pédagogique même si la langue n’est pas encore codifiée. Les enseignants essayent de se baser sur la grammaire de la langue arabe standard, mais les différences sont palpables (Belinches, 2016; Moscoso García et Nouaouri Izerelli et Rodríguez García, 2013) même si les dialectes sont issus de la langue arabe standard. Ces dernières années, beaucoup de linguistes essaient d’explorer les dialectes du point de vue grammatical (Belinches, 2016; Louis, 2008; Nasrallah et Hassani, 2007; Girod et Aziz, 2016) par rapport à leur usage quotidien et la nécessité absolue pour communiquer et écrire. Mais le niveau éducatif en arabe dans certains pays n’est pas à la portée de la majorité en comparaison aux langues maternelles qui sont maîtrisées par tous les interlocuteurs.

Il est primordial de faire une comparaison grammaticale entre l’arabe et l’algérien pour analyser leurs spécificités.

Analyse grammaticale

Cette étude est fondée sur la chronologie du programme du livre « Gramática Práctica de Árabe » (Hernández, 2009), utilisé pour l’enseignement de la langue arabe pour étrangers. Ce livre a été choisi comme référence pour nous permettre de faire une comparaison avec le dialecte algérien. Cette comparaison est purement grammaticale, et est divisée en sections. Premièrement, on analyse la catégorie nominale ; ensuite, la catégorie verbale ; la troisième section aborde les adverbes et les conjonctions adverbiales ; la quatrième partie est fondée sur les pronoms ; la cinquième partie réunit les prépositions ; et la dernière partie expose les autres particularités restantes de la langue arabe, pour arriver à une conclusion générale.

La classification nominale

Le nom propre et le nom commun (اسم العلم واسم الجنس) est similaire entre l’arabe et l’algérien, la différence est dans la phonétique qui est dissemblable (Cantineau, 1960). Prenons comme exemple la prononciation du mot arabe « النيل » [le Nil].

  • Il y a des noms au masculin et d’autres au féminin (اﻠﻤﺫكر والمؤنث), et la règle est similaire entre les deux langues, à part la phonétique qui reste divergente.

  • Quand on parle des substantifs il faut signaler la différence entre le duel en arabe et le pluriel (المثنى والجمع) (Kouloughli, 1996), par contre, l’algérien n’utilise jamais le duel, il n’existe que le singulier et le pluriel1.

Le pluriel algérien peut être différent de la langue arabe, par exemple : le mot « كِتاب » [livre] dont l’orthographe est similaire, mais la phonétique est distincte ; le pluriel est divergent entre les deux langues : « كُتب » [livres] en arabe et « كْتوبة » [livres] en algérien. Le pluriel régulier fonctionne semblablement entre les deux langues, mais les pluriels irréguliers se distinguent parfois, comme nous pouvons observer dans le Tableau 1.

Tableau 1 Comparaison du pluriel irrégulier entre l’arabe et l’algérien 

  • Beaucoup de noms d’action (المصدر) sont similaires quand ils s’utilisent en arabe (درس -علم ) [cours - science ] la phonétique diffère évidemment, et beaucoup sont utilisés en français (la pratique, etc.).

  • Les noms de lieu et de temps (اسم المكان واسم الزمان) sont similaires (مدرسة - مغرب- مكتبة) [école - Maroc - librairie], à part ceux utilisés en français (marché, village, trémie, passage, pharmacie, etc.).

  • Les noms d’instruments (اسم اﻵلة) sont similaires à part la phonétique (مقص- ممحاة- مفتاح) [ciseaux - gomme - clé], et ceux utilisés en français (stylo, violon, etc.).

  • La déclinaison (اﻹعراب) est un sujet très important dans l’enseignement de la langue arabe (مرفوع - منصوب- مجرور) [nominatif - accusatif - génitif], mais son usage est absent en algérien qui ne décline jamais, et absorbe toujours la voyelle de la dernière lettre du mot2.

  • Le complément du nom (اﻹضافة) a la même structure dans les deux langues, sauf qu’en algérien la déclinaison ne se fait pas, la phonétique est différente, et le choix des mots est dissemblable. Prenons comme exemple la phrase suivante en arabe (رﺃيت ﺃرنب البنت) [j’ai vu le lapin de la fille] et son équivalent en algérien (شفت ﭭنينة الشيرا) : la structure grammaticale est la même, mais l’origine de la sélection naturelle des mots est différente3.

  • Le complément direct (المفعول به ) possède la même structure dans les deux langues.

  • L’usage de Inna et ses sœurs (ﺇن وﺃخواتها) est différent car il n’y a pas de déclinaison. En algérien les particules suivantes sont utilisées (ﺇن - ﺃن - لكن- ﻛﺄن- ﻷن) [parce que - comme si - mais - que - certainement], et pas celles-ci (لعل - ليت) [j’espère - peut être].

  • L’usage de Kaana et ses sœurs (كان وﺃخواتها) est différent car il n’y a jamais de déclinaison. En algérien les particules suivantes sont utilisées avec une phonétique différente ( كان- ﺃصبح - صار- ظل- ما زال-) (-كان- ﺃصبح - صار- ظل- ما زال-) [toujours - il continue - il est devenu - il est devenu -il était], et pas celles-ci ﺃمسى- ما انفك ليس- )) & #091;il continue - il est devenu - ne/pas].

  • L’usage de Kaada (كاد) et ses sœurs est différent car il n’y a jamais de déclinaison. En algérien les particules suivantes sont utilisées avec une phonétique différente (بدﺃ - جعل) [il a commencé], et pas celles-ci (- كاد - ﺃوشك - ﺃﻨﺸﺄ - ﺃﺨﺬ-عسى ﺃن) [j’espère que - être sur le point de].

  • Les participes actifs (اسم الفاعل) sont similaires entre les deux langues (كاتب - متزوج - مساعد) [assistant - marié - écrivain], mise à part la phonétique et quelques exceptions (محمر) [rougeâtre].

  • Les participes passifs (اسم المفعول) sont similaires entre les deux langues, mise à part la phonétique (مكتوب - مرتب- محترم) [respectable - ordonné - écrit].

  • Le complément de temps et de lieu (المفعول فيه) est différent, car l’arabe utilise un adverbe, par exemple (ﺃعمل صباحا - يمشي يمينا ) [il marche à droite - je travaille le matin] et l’algérien utilise une préposition plus l’adverbe (نخدم في الصباح - يمشي على ليمنا) [il marche à droite - il travaille le matin].

  • Le complément absolu (المفعول المطلق) est distinct. Il ne s’utilise pas de la même façon sauf en arabe. Par exemple, la phrase arabe (سافر سفرا طويلا) [il a fait un long voyage] dont la structure est différente en algérien (كان لفوياج طويل بزاف) [le voyage était très long], ne se rapproche pas du tout à la structure arabe. En arabe, un verbe est utilisé avec un complément absolu plus l’adjectif, par contre, l’Algérien utilise la particule (كان) [était] pour marquer le passé, le substantif d’origine française, l’adjectif et l’adverbe.

La forme la plus approximative est la suivante (فرح الطالب فرحا شديدا) [L’élève était très content], mais la structure du complément absolu est différente en algérien (فرح الطالب واحد الفرحة كبيرة) [L’élève était très content] car un substantif est utilisé et la formation est distincte de l’arabe.

  • Le complément d’état (الحال) est distinct : en arabe un nom est utilisé (دخل الرجل ضاحكا) [l’homme est rentré en souriant], alors qu’en algérien un verbe est utilisé au lieu du nom (دخل الرجل يضحك) [l’homme est rentré et sourit].

  • Le complément de spécification (التمييز) est également différent (عنده هكتارا ﺃرضا) [il a une terre d’un hectare de superficie], et en algérien nous avons besoin d’une préposition pour introduire le complément (عندو هكتار تع لرض) [il a une terre d’un hectare de superficie].

  • Le complément de cause et de finalité (المفعول ﻷجله والمفعول له) ne s’utilise pas en algérien, lors de la traduction de cette phrase (ﺃدرس العربية تحدثاً مع صديقي السوري) [j’étudie l’arabe en conversant avec mon ami syrien] il faudra carrément restructurer la phrase.

  • Le complément (المفعول معه) [je travaille comme médecin] (ﺃعمل وطبيبا) est inexistant en algérien.

La structure verbale

La conjugaison du présent (الفعل المضارع) dépend des pronoms personnels. Nous observons une similitude entre certains pronoms personnels (ﺃنت - هو - هي) [elle - il - tu] et une différence entre d’autres, la phonétique est distincte également (Guellil et Azaouaou, 2017) (Voir Tableau 2).

Tableau 2 Comparaison du présent de l’indicatif entre l’arabe et l’algérien 

  • -La conjugaison au passé (الفعل الماضي) est très similaire à part les pronoms suivants (ﺃنتم-هم)

Tableau 3 Comparaison du passé entre l’arabe et l’algérien 

Les verbes réguliers sourds (الفعل الصحيح المضاعف) se conjuguent différemment (Baacouche, 1998). En arabe la deuxième consonne est doublée à la première personne du singulier du verbe (مرّ) [passer par], par exemple : (ﺃنا مررت) [je suis passée par], par contre en algérien ce n’est pas le cas, voyons la différence dans le Tableau 4.

Tableau 4 Comparaison des verbes irréguliers sourds entre l’arabe et l’algérien 

La même remarque se fait pour les verbes irréguliers défectifs. Par exemple, le verbe (يمحو/ محا) [effacer] à la première personne du singulier la lettre (ا) se convertit en (و) en arabe (محوت) [j’ai effacé], par contre en algérien elle se convertit en (ي) avec une prononciation différente (مْحَيْت) [j’ai effacé].

La conjugaison à l’impératif (اﻷمر) est distincte entre les deux langues, comme indiqué par les exemples du Tableau 5.

Tableau 5 Comparaison de l’impératif entre l’arabe et l’algérien 

La voix passive (الفعل المبني للمجهول) est distincte, car en arabe le verbe est utilisé à la forme passive plus le complément (نائب فاعل), par contre en algérien le verbe est utilisé à l’impersonnel en conjuguant au pluriel absent (هم) [ils]. Par exemple : l’arabe utilise le verbe au singulier à la forme passive « قيل » [il a été dit] et l’algérien utilise le même verbe au pluriel « قالوا »4 [ils ont dit].

Organisation sémantique-pragmatique des adjectifs

  • L’adjectif (النعت والمنعوت) a la même formation en algérien et en arabe.

  • Le comparatif (اسم التفضيل) est distinct entre les langues, car l’arabe utilise la forme « ﺃفعل » pour former le comparatif ou le superlatif, et l’algérien utilise l’adjectif en ajoutant la préposition « على » [que]. Par exemple lorsque la beauté d’une personne est comparée en arabe, le comparatif est employé plus la préposition « ﺃجمل من » [plus beau que], et en algérien un autre adjectif est utilisé « شباب على » [plus beau que] plus la préposition « على » [que]. L’adjectif algérien « شباب » signifie « jeunes » en arabe standard.

  • Les adverbes de lieux (ظروف المكان) sont semblables entre les deux langues, sauf pour les exemples suivants : « ﺃسفل » [en bas] en arabe et son équivalent algérien « تحت ». La préposition « ﺃمام » [devant] est utilisée en arabe et « قدام » en algérien. « بجانب » [à côté] est utilisée en arabe et « حْداي » en algérien. « قرب » [près] est utilisée en arabe et « قريب من » en algérien. Les autres prépositions sont similaires avec une différence phonétique bien marquée.

  • Les adverbes de temps (ظروف الزمان) sont similaires parfois et distincts d’autres fois, voyons les exemples : en arabe « خلال » ou « ﺃثناء » [entre temps] est utilisé et en algérien le mot « pendant » est généralement utilisé. L’adverbe arabe « ﺃمس » est phonétiquement très distinct de l’algérien « «يامس. Pour signaler l’avant-dernier jour « ﺃول ﺃمس » est utilisé et en algérien le mot « لولبارح »5.

Les pronoms

Les démonstratifs (ﺃسماء اﻹشارة) sont distincts aussi, comme nous voyons dans les Tableaux 6 et 7.

Tableau 6 Comparaison des démonstratifs entre l’arabe et l’algérien 

Tableau 7 Comparaison des démonstratifs entre l’arabe et l’algérien 

Les interrogatifs (ﺃسماء اﻹستفهام) sont différents ; la particule « هل » [Est-ce que] est inexistante en algérien tout comme la particule « ﺃ » [Est-ce que]. L’équivalent de l’interrogatif « من » [Qui] est « شكون » en algérien. La particule « ما » [Lequel/Laquelle] est similaire. L’interrogatif « ماﺫا » [Que/Quoi] est totalement différent « واش » ou bien « شاه » ou bien « شولى » en algérien. La particule « كيف » [Comment] est similaire mais la phonétique est différente. L’interrogatif « ﺃين » [Où] est utilisé en arabe et « وين » en algérien. Pour parler du temps l’arabe utilise « متى » [Quand] et l’algérien « وينت ». Pour demander la quantité l’arabe utilise « كم » [Combien] et l’algérien « شحال » d’origine tamazight. Pour demander la préférence, l’arabe utilise « ﺃي » ou « ﺃية » [Lequel/Laquelle] et l’algérien « وينه » ou « وينها ».

Pour les interrogatifs composés les équivalents sont totalement différents : « بما » [Avec quoi] et l’équivalent en algérien « باش ». « عن ﻤﺎﺬا » [De quoi] et son équivalent en algérienعلى واش ». فيما » [En quoi] et son équivalent en algérien « فاش ». « لم » [Pourquoi] et son équivalent en algérien « علاش ». « مما » [De quoi] et son équivalent en algérien « مناش/ماش ».

*Les pronoms personnels (الضمائر) sont pratiquement similaires sauf pour la phonétique, le pluriel féminin, et l’absence du duel (voir Tableau 8).

Tableau 8 Comparaison des pronoms personnels entre l’arabe et l’algérien 

  • Les pronoms possessifs (الضمائر المتصلة) sont pratiquement similaires à différence de la phonétique, le pluriel féminin, et l’absence du duel (Voir le Tableau 9)

Tableau 9 Comparaison des pronoms possessifs entre l’arabe et l’algérien 

  • Les rélatifs (اﻷسماء الموصولة) sont distincts également (voir Tableau 10).

Tableau 10 Comparaison des relatifs entre l’arabe et l’algérien 

  • Les particules de possessions «ﺃدوات الملكية)ل » et « عند » [avoir] s’utilisent de la même façon entre les deux variétés avec une phonétique distincte, mais l’algérien n’utilise jamais la particule « لدى » [avoir].

Les prépositions

  • L’usage des prépositions (حروف الجر) est le même, sauf pour la préposition « ﺇلى » [à] dont l’équivalent est « ل », la préposition « ﻤﻨﺫ » [depuis] s’utilise et est généralement remplacée par « من ». La préposition « ك » [comme] est utilisée en algérien comme le mot « كيما » qui, lui, ne s’utilise pas en arabe standard.

  • Les conjonctions (ﺃدوات الربط) sont similaires, mais « ف » [et] ni « بل » [sinon] ni « ﺃم » [ou] ne sont jamais utilisées en algérien.

Les autres particularités

  • Les numéros cardinaux (اﻷعداد اﻷصلية) sont différents également, l’algérien utilise le masculin et féminin du numéro (un) « واحد » [un] et « وحدة » [une], et à partir du deux il existe une seule forme féminine pour tous les substantifs. Par contre l’arabe utilise la forme masculine et féminine (ثلاث/ ثلاثة ﺃحد عشر، /ﺇحدى عشرة) [trois, onze] selon des règles établies par les grammairiens arabes et l’énumérateur correspondant.

  • Les numéros ordinaux (الأعداد الترتيبية) par contre sont similaires, sauf que la prononciation est différente.

  • Les diminutifs (اسم التصغير) s’utilisent de façon similaire, voyons les exemples suivant (رجيل [petit homme] - ( دويرة) [maisonnette].

  • Les six noms (ﺃب - ﺃخ- حم- ﺬو- فم- هن-) [père - frère - beau-père - doté de - bouche - vulve] sont d’usage limité en algérien. L’Algérien utilise (ﺃب - ﺃخ) [père - frère] selon l’usage de l’arabe, mais les autres noms ne s’utilisent jamais.

  • L’orthographe de la hamza (الهمزة) est similaire dans les deux variétés langagières.

  • L’usage des noms d’orthographie spéciale (اﻷسماء المنقوصة) est différent ( المقاهي- مقاه- مقاهيا) [cafés - les cafés], car en algérien la déclinaison ne se fait jamais.

  • Les particules de négations (ﺃدوات النفي) utilisées sont « لا » [ne] et « ما » [ne] et « غير » [pas], l’usage de la particule « ما » [ne] est différent en algérien, car elle est utilisée pour nier le présent et en arabe c’est une particule qui nie le passé seulement. En contrepartie, les particules suivantes ne sont pas utilisées en algérien « كلا » [non] ni « لن » [ne] ni « لم » [ne] ni « عدم » [sans] ni « ليس » [ne].

  • Les particules de finalité (اﻷدوات الدالة على الغرض) utilisées dans les deux variétés langagières sont « لـ » [pour] et « حتى » [afin]. En algérien « كي » [pour] et « لكي » [pour] ne sont pas utilisées.

  • Les particules de comparaison (ﺃدوات التشبيه) en arabe varient aussi. La particule « ك » [comme] est utilisée et en algérien « كيف ». La particule « مثل » [comme] s’utilise dans les deux variétés langagières. La particule « كما » [comme] et en algérien « كيما ». Comme la particule « ﻛﺄن » [comme si] est utilisée en algérien avec une phonétique distincte.

L’usage des deux variétés est variable du point de vue étymologique et syntaxique (Bouhadiba, 2004 ; Dardour, 2008). L’étymologie des mots peut être arabe, français (sirop - ticket - pommade - trousse - sac - café presse - loto - fourgon - bicyclette - complexé - journal - collège - portable - cartable - connexion - randonnée - crédit - short - restaurant - jus - concours - examen), espagnole et catalane (chancla [mule] - zapato [chaussure] - lejía [eau de javel] - siesta [sieste] - catifa [tapis]), turque (طبسي [assiette] - تقشيرة [chaussette] - نيشان [tout droit] - خردة [bric-à-brac]- زردة [festin] - كاسه [un gant]) ou tamazight (chira [fille] - chalaghém [moustache] - fakroun [tortue] - hidoura [peau de mouton] - jrana [grenouille] - mazouzi [cadet] - fartatou [papillon] - zarmoumia [lézard] - zrodia [carotte] - zhar [chance] - zaaf [nerfs] - ngasarr [je rigoler] - karmous [figue] - berra [dehors] - chfit [je me rappelle]), car ce sont des langues qui ont été présentes en Algérie et font partie du patrimoine algérien. La syntaxe est semblable à l’arabe, mais il y a également des différences, car c’est un dialecte qui développe ses propres paramètres morphologiques.

Par exemple il y a une syncope de voyelle dans le mot suivant (يمينا، ليمنا) [à droite]. Nous constatons une quantité vocalique en algérien en comparaison à l’arabe, car l’influence de la langue française fait que l’algérien prononce des syllabes contenant des diphtongues qui sont assez longs (ae,au,oe). De même pour les accents, certains mots sont plus accentués.

L’algérien conjugue des verbes d’origine française selon les règles grammaticales de l’arabe, par exemple, le verbe français (bouger) s’utilise en algérien suivant une conjugaison arabe ( هو بوجا... - ﺃنا بوجيت -ﺃنت بوجيت ) [j’ai bougé - tu as bougé - il a bougé…], de même pour les verbes suivants (voyager, fixer, retarder, dégoûter, se doucher, tracer, stresser, etc.). Ce sont des verbes qui existent en arabe standard quoique les algériens utilisent les verbes d’origine française fréquemment en les conjuguant en algérien et dont les règles proviennent de l’arabe, tout comme ces substantifs qui s’utilisent plus en français, alors que leurs équivalents en arabe existent : on utilise plus le mot « école » que « مدرسة », « pharmacie » que « صيدلية », « normal » que « عادي », « cartable » que « محفظة », « casse-croûte » que « شطيرة », « poteau » que « عمود », « retard » que « ﺘﺄخير », « excursion » que « رحلة », « hôtel » que « فندق », « supermarché » que « مركز تجاري », « pont » que « جسر », « pot » que « جرة », etc.

Conclusion

Le dialecte algérien est une variété langagière à part entière. L’étymologie n’est pas arabe à cent pour cent ni française entièrement. Sa structure lui est propre, même si elle est proche de l’arabe standard. C’est donc une variété langagière qui appartient à un peuple, c’est son identité qu’il faut reconnaître pour permettre à l’Algérien d’affirmer ses origines et de confirmer le statut de sa langue.

Un aménagement linguistique est primordial afin d’étudier la langue mère en complément avec la langue arabe qui est très importante, tout comme les langues étrangères (Bouhadiba, 2004).

Même si l’effort économique et pédagogique est colossal, on ne peut pas priver une population de sa langue mère. Le dialecte algérien est une langue vivante utilisée par ses interlocuteurs. L’évolution de cette variété est palpable et l’accroissement de son usage à l’écrit est notable ces dernières années. C’est une langue vernaculaire qui a toujours existé ; mais à partir du moment où son utilisation devient commun à l’écrit, elle mérite une attention spéciale au sein de la communauté des sociolinguistes et linguistes, car il est intéressant d’étudier son évolution et ses règles grammaticales en comparaison avec l’arabe standard.

Cette étude montre quelques différences et similitudes entre les deux variantes langagières qui permettent d’analyser le fonctionnement du dialecte algérien : une variété linguistique qui n’est pas codifiée, et ses utilisateurs se perdent entre le choix des lettres latines et arabes. Malgré cela, sa présence est évidente dans plusieurs domaines : la majorité des textes publicitaires sont émis en algérien, tout comme les messages sur les réseaux sociaux, quelques messages électroniques, etc. (Kerras et Baya, 2017). Pour cela, il est primordial de définir ses règles grammaticales et de préciser ses critères afin de pouvoir l’enseigner à ses utilisateurs. La demande d’enseignement du dialecte algérien à l’étranger est en hausse, car son usage est plus important en comparaison avec l’arabe standard en Algérie. Son utilisation n’est pas uniquement nécessaire dans le domaine touristique, mais surtout dans les relations professionnelles ou autres contacts. L’investissement pédagogique est crucial pour les raisons mentionnées et pour construire un pont entre la langue de l’école et la langue maternelle.

C’est un dialecte qui a évolué énormément ces dernières années et il faut reconnaître et établir une politique langagière, vu que la culture populaire se transmet en algérien : la chanson algérienne est en algérien, il existe de la poésie et de la littérature en algérien qui ne sont pas compilées, le théâtre se fait en algérien, le cinéma est en algérien, enfin, tous les codes de communication se font en langue maternelle dans tous les pays du monde sauf dans les pays arabes.

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1 En algérien il y a une différence entre le pluriel masculin et le pluriel féminin, mais la déclinaison ne se fait jamais, car la dernière lettre est toujours aspirée.

2Les noms diptotes ne sont pas pris en considération en algérien, car la déclinaison ne se fait jamais.

3Dans ce cas là, le verbe est d'origine arabe, mais le nom et son complément sont d'origine tamazight.

4Ou bien au présent passive « «باع et en algérien le pluriel «يبيعوا ».

5Pour parler du lendemain, en arabe le mot «غدا » est utilisé et en algérien le mot «غدوا ».

How to reference this article: Kerras, Nassima et Baya, Moulay Lahssan (2019). L’arabe standard et l’algérien : une approche sociolinguistique et une analyse grammaticale. Íkala, Revista de Lenguaje y Cultura, 24(3), xxx-xxx.

Recibido: 01 de Noviembre de 2017; Aprobado: 14 de Septiembre de 2018

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